Vendredi 05 Février 2010

MUGRON. L'harmoniciste revient dans la région pour distiller ses partitions aux couleurs blues. Il sera demain à l'Agora, avant Dax et un concert au profit d'Haïti

Nico est de retour

Le Quintet balayera lors du concert la discographie de Nico Wayne Toussaint. (Photo archives philippe salvat)
Le Quintet balayera lors du concert la discographie de Nico Wayne Toussaint. (Photo archives philippe salvat)
 

Nous avions laissé Nico Wayne Toussaint à la fin septembre, à la sortie de « Blues entre les dents », le huitième album du bluesman à l'harmonica. Tout juste rentré de Miami, Nico se confie à la veille de son concert à l'Agora de Mugron, demain à 21 heures (1).

« Sud Ouest ».

Pourquoi avoir quitté la France pour vivre à Miami, aux États-Unis ?

Nico Wayne Toussaint. Je n'ai pas réellement quitté la France vu que je fais des allers-retours depuis janvier 2009. J'ai une partie de ma famille très proche qui vit là-bas et j'y passe du temps. En revanche, je continue à être attaché à la France.

Professionnellement, qu'est-ce que cela change d'être parti jouer aux États-Unis ?

Cela implique de repartir à zéro sur beaucoup de choses. Là-bas, personne ne me connaît et je n'ai pas de groupe. Jouer en Floride, ça m'a obligé à remonter une formation et reconquérir un public. Là-bas, je ne suis l'enfant chéri de personne et je suis jugé à ma juste valeur. C'est un super-challenge, très enrichissant, vu que cela me permet de jeter un regard sur ce que j'ai fait en France.

Les États-Unis et Nico Wayne Toussaint, c'est une nouveauté ?

Voilà presque vingt ans que je vais aux États-Unis pour me confronter aux maîtres, chercher l'inspiration et enregistrer. Je ramène aussi des musiciens en France.

Jouer là-bas, dans le pays qui a vu naître le blues, est-ce difficile ?

Je n'ai jamais trouvé que c'était difficile dans la mesure où l'on joue bien. Au niveau du blues, la communauté formée par les musiciens est ouverte : il suffit de respecter les autres et de savoir trouver sa place. C'est à l'image du pays. À partir de là, on est toujours bien accueilli.

Il y a des différences entre les publics américains et français ?

Aux États-Unis, on joue la plupart du temps dans un bar : il faut faire danser les gens et qu'ils s'amusent. En France, la musique est plus liée à l'art qu'au divertissement. On peut donc prendre plus de risques et partir dans des ambiances où l'on joue plus finement.

De retour en France, peut-on s'attendre à un nouvel album ?

Pour l'instant, je suis dans la continuité de « Blues entre les dents ». Les concerts que je vais faire sont attachés au groupe de l'album. J'ai en revanche le projet d'un nouveau disque que j'aimerais enregistrer avant l'été.

Pouvez-vous nous en parler ?

C'est un peu prématuré. Évidemment, j'ai envie de profiter d'être aux États-Unis pour faire des choses sur place et démarcher une maison de disques américaine. Par contre, même si je suis au pays du blues, je n'arrive pas à trouver d'aussi bons musiciens que ceux que j'ai en France.

Comment cela se fait-il ?

En France, on joue une musique avec une approche très respectueuse et une grosse base de connaissances. Aux USA, beaucoup de musiciens jouent le genre et gagnent leur vie sans jamais avoir approfondi les choses. J'ai envie d'incorporer des musiciens français à mon prochain album afin de montrer qu'il existe un blues européen porteur d'expressions.

Que diriez-vous aux jeunes, qui n'écoutent pas forcément du blues ?

Il faut juste être un peu curieux, qu'ils aient confiance et qu'ils viennent au concert sans penser à l'étiquette. Je me rappelle notamment du festival Euskal Herria Zuzenean, au Pays basque, où l'on a joué devant 400 jeunes entre punk et grunge. On a envoyé la sauce même si ça restait du blues et tout le monde se disait, « c'est ça du blues ? » L'avantage de cette musique, c'est qu'elle est comme une page blanche : elle permet d'y exprimer tout ce que l'on veut y mettre. On peut la rendre douce et chaleureuse comme on peut la rendre plus rythmique et tenir le public, presque comme un concert de rock.

(1) Demain à 21 heures à l'Agora de Mugron. « Blues entre les dents » par Nico Wayne Toussaint et ses musiciens.
Entrée : 15 euros.

Auteur : Recueilli par Benjamin Ferret

 

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