ALEXX AND THE MOOONSHINERS : "Things" - Mosaic Music (2010)

Quelque chose flotte dans l’air. Quelque chose d’indicible mais qui pourtant est là, bien présent, tout autour. Quelque chose de franchement stimulant. Aussi bien pour  les sens que pour l’esprit. Assurément, il se passe un truc dans notre paysage musical français, qui, il faut bien l’avouer, dépasse enfin nos espérances. Depuis quelques temps le frémissement se faisait sentir. Il explose enfin et ce n’est que le début de ce qui s’annonce comme un gigantesque feu d’artifice allumé par des artificiers émérites. Ces pyromanes musicaux ont pour nom : Blues Power Band, Nina Attal, Fred Chapellier, d’autres encore… et Alexx And The Mooonshiners…

"Things" (distribué dorénavant par Mosaïc, le label toulousain) est à l’instar des disques des groupes précités : un album riche, inventif qui augure de suites lumineuses, de lendemains résolument ensoleillés. Tout ce disque est gorgé de feeling, joué par des musiciens maîtrisant parfaitement leur sujet : la section rythmique y est irréprochable et les parties de guitares de Lionel Mooonshiner sont époustouflantes. Il s’avère que c’est un grand fan de Stevie Ray Vaughan. Et…ça s’entend (on ne parle pas de plagiat, mais de subtils emprunts). Et puis il y a la voix d’Alexx, le genre d’organe qu’on n’avait pas entendu ici (et ailleurs également) depuis des lustres. Une voix qui colle des frissons, et ce, quel que soit le thème musical abordé. Car si le blues est la  base musicale de Things, les musiciens n’hésitent pas à parsemer les douze mesures de boogie rock caracolant ou de cocottes funky du plus bel effet.et la voix d’Alexx se love dans ces circonvolutions musicales avec une aisance stupéfiante ! Et lorsque le groupe s’offre le loisir de faire des reprises (Hot For Teacher de Van Halen et le Anarchy In The U.K. des Sex Pistols), on est bluffé par le résultat. Ce disque fourmille de bonnes idées réalisées par des musiciens qui savent vraiment ce qu’ils veulent. Et, pour un premier album, c’en est même étonnant ! Il y avait longtemps qu’on n’avait eu ce sentiment, qu’on ait été autant emballé. A tel point que, et pour reprendre l’un des titres de "Things", on a envie de rêver que nous aussi : "On est des Mooons" !!!

: JeanDo BERNARD
 

TOM PETTY & THE HEARTBREAKERS : "Mojo" - Reprise Records (2010)

Allez. On fait les comptes ? Dix sept albums en une trentaine d’années de bons et loyaux services envers la musique rock, blues, country, americana. Pas mal, surtout que dans ces dix-sept disques, pas grand chose à jeter. Des moments forts, d’autres un peu moins, mais toujours une constance à produire des choses, finalement, hautement recommandables. Du reste, c’est aussi pourquoi on aime aveuglement ce type et le groupe qui l’accompagne depuis ses débuts, les fidèles Heartbreakers, sans qui, ce n’est pas impossible, les morceaux de Tom Petty pourraient sonner différemment…

Quoique !

"Mojo" est donc le tout nouvel album d’un Petty (et des Heartbreakers également) apparemment en (très) grande forme. Voilà qui fait plaisir ! Non pas qu’on n’en doutait mais honnêtement, on n’attendait pas pareille livraison. Enfin… au pire, le disque aurait été "pas mal", au mieux (c’est le cas), exceptionnel.
Parce qu’ici, la notion de groupe, chère aux mid-sixties/seventies, est encore immensément prégnante et bien sur, cela fait toute la différence. Du reste Tom et ses Heartbreakers ont toujours plus ou moins fonctionnés comme ça. Petty chanteur, certes, mais tout le monde est là, dans le même feeling, pour se mettre au service des compositions et les amener le plus haut possible. Et là, l’idée d’enregistrer tout en live dans le studio est significative de cet état d’esprit. Pas de triche, on ne re-bidouille pas les bandes, tout est brut, mais si finement interprété qu’on touche au divin, même si l’album, dans son ensemble, a pour toile de fonds la musique du diable, le blues !

Profusion de notes bleues donc, déclinées sous toutes leurs formes, électriques ou semi acoustiques, qui s’immiscent dans nos oreilles, dans un ordre parfait Une balance soignée entre morceaux rapides et lents qui conduit à une explosion (orgasme ?) sur le quinzième titre, exceptionnelle (qui n’est pas s’en rappeler le I Want You -She’s So Heavy - du "Abbey Road", des Beatles !). Mais avant d’en arriver là on sera passé par une dichotomie musicale qui flirte avec le Dead, l’Allman Brothers Band (celui avec Duane !) Led Zep’, les Stones et, bien sur…Dylan, pour le phrasé du chant de Petty… On y trouve même, curieusement, un reggae, et one more, Petty et son groupe ne sont absolument pas ridicules dans cet exercice, bien au contraire.
Ces titres, on le sent, sont taillés pour la scène. Petty et ses Briseurs de Cœur sont, en ce moment même en pleine tournée américaine (et sur certaines dates ce sont les excellents Drive By Truckers qui assurent la première partie. Veinards de yankees !!!), on peut toujours faire brûler des cierges pour espérer que cette tournée dépasse le continent américain (on peut toujours rêver…). En attendant, et pour ne pas vieillir idiotement on a le disque, ce putain de disque qui ne quitte pas mon autoradio et dont chaque titre me procure un bonheur fou. Et total ! Essayez, vous verrez que si addiction il y a…elle sera sacrément jouissive !!!

: JeanDo BERNARD
 

 

NINA HAGEN : "Personal Jesus" - Universal (2010)

Milieu des années 80. Je traîne mes boots dans le backstage de l’Espace Balard. Je croise Jean-Louis Aubert et nous papotons quelques instants. Avant de partir, dans un grand sourire, il me dit que j’ai l’air… fatigué. Effectivement, il n’a pas tort. Mais j’ai des circonstances atténuantes. Je dois faire une itw de la diva teutonne. Cette nouvelle entrevue devrait être la troisième que je fais avec elle. Alors, connaissant le personnage, je me suis mis en… conditions… J’arrive à sa caravane qui lui sert de loges. Là, j’ai ma première hallu ! Elle se tient à la porte, et hurle telle une walkyrie punk après son boy friend qui apparemment a disparu dans la nature. Intérieurement, je me marre. L’interview va être encore… épique.

La première rencontre fut consacrée presque exclusivement aux extra-terrestres, la seconde à sa fille (Cosma Shiva) et à son mec, sans oublier les p’tits bonshommes verts et la troisième fut un subtil imbroglio des trois !!! Depuis, Nina Hagen avait quasiment sombrée dans un oubli médiatique des plus profonds. Et puis, paf, déboule cet album que personne n’attendait. Si, musicalement et vocalement  ce skeud tient la route, la nouvelle voie que suit Hagen, elle, est définitivement bannie de ma philosophie. Nina Hagen chante dieu et jesus, son rejeton…Diable !!!  Elle a même publié un bouquin "Mon Chemin vers Dieu" où elle explique qu’après les drogues, le rock et le bouddhisme, elle s’est tournée vers la seule personne qui lui ait sauvée la vie : god himself (elle s’est faite baptisée en août 2009 !) Donc, le disque, vous l’aurez deviné, n’a aucun relent de soufre. Ici c’est hostie et eau bénite sur carrément toutes les plages, sur fonds de gospel et de blues un peu barrés quand même. La bonne (!) chose c’est cette reprise du Personal Jesus des Depêche Mode. Titre qui, au fil des années et aux vues des nombreuses cover qui ont été faites commence à prendre la patine d’un vrai classique. On retiendra aussi le All You Fascists Bound To Lose de Woody Guthrie. A part ça, pas grand chose… Donc, là, franchement la Hagen ne m’amuse plus du tout !

: JeanDo BERNARD 
 



JOE BONAMASSA : "Black Rock" - Provogue Records (2010)  

Après s’être baladé pendant un an avec John Henry notre bon Joe Bonamassa venu tout droit des States revient en force pour notre plus grand plaisir. Et en effet, c’est en nous gratifiant d’un nouvel opus s’intitulant "Black Rock ", produit par Kevin Shirley (Aerosmith et Black Crowes, pour ne citer qu’eux) ! Eh oui on ne le refera pas, trop impliqué dans ce bon son blues rock cher à ses yeux comme aux nôtres. Comme à l’accoutumée ce disque est encore un délice pour nos esgourdes qui n’ont pas fini de saliver.

On commence fort avec Steal Your Heart Away, reprise de Bobby Parker, son coté rock est mis en avant sur ce titre, la guitare est ravageuse et Joe déchire ses cordes vocales tel un forcené.

Puis on poursuit l’exploration du rocher avec I Know A Place, cover de John Hiatt, nous emmène dans un univers plus sombre et morbide : I know a place where the sun don’t shine mais toujours est-il que la puissance et belle et bien présente. Ce qui est si caractéristique de notre Joe.

La troisième piste de cette galette, When The Fire Hits The Sea, continue dans la lignée de la force lorsqu’un éclair Fender fend la mer et c’est là qu'on est au zénith !

Puis il nous fait voyager parmi des contrées irlandaises avec Quarryman’s Lament. On se laisse transporter loin d’ici pour rejoindre les Irish pub. Une Guinness se laisserait déguster volontiers.

Allez le périple continue sur Spanish Boots, sur ce titre, there is no doubt, énergie est le maître mot, cette reprise de Jeff Beck, Rod Stewart et Ron Wood, est fortement bien rythmée, on se surprend à taper des pieds sans s’en apercevoir, puis vînt le moment tant attendu du solo, quel bonheur. C‘est un morceau qui va crescendo de plus en plus puissant pour finir en apothéose.

Milieu d’album Bird On Wire, calme un petit peu les esprits qui s’échauffent, mais Joe B. met en exergue toute sa sensibilité en reprenant ce titre de Leonard Cohen. Nos sens sont en alertes et une seule envie nous prend celle de se laisser aller dans les bras d’un(e) inconnu(e) pour un moment de sensation charnelle.

Changement de décor ensuite with Three Times A Fool cover d’Otis Rush, là on est dans le bon blues comme on l’aime bien pêchu, virile en un mot bien "couillu" ! Tout est concentré en 2:02 minutes et ça claque ! Eh oui la longueur ne fait pas la qualité !

Sur Night Life il retrouve son acolyte de longue date (on pourrait dire même mentor) B.B. King ! En effet, special guest voix et guitare et on sent toute la complicité entre les deux hommes et ça fait vraiment plaisir à entendre. On voudrait bien les suivre dans une tournée nocturne ces deux là !

Wandering Earth est un super bon blues langoureusement musclé et ça c’est intense ! Cependant nous pouvons nous laisser surprendre par une fin assez abrupte.

Look Over Yonders Wall, reprise de James Clark nous fait bien swinguer on retrouve les racines blues mêlées à du son rock'n'rollesque et on ne peut qu’être séduit par le jeu de guitare de Joe.

Il nous invite au pays des Stars and Stripes sur Athens To Athens, on se croirait en plein milieu des cow-boys, le soleil est là et on est bien, au son de sa guitare toute en subtilité et sa voix qui nous fait frissonner de plaisir. Un petit flashback dans ses plus jeunes années country c’est un back to the roots ! Des instruments traditionnels grecs agrémentent ce titre pour lui donner une couleur inattendue, mais pour le moins, très enrichissante. En effet, "Black Rock" a été enregistré en Grèce (Black Rock Studios à Santorini) et Joe s’en est inspiré car il est sait très bien mélanger les ambiances et les mettre à sa sauce.

Blue & Evil sonne le glas de l’association du blues et du rock et le résultat n’en est qu’infiniment excellent ! Cette recette est imparable et prouve que les deux genres sont complémentaires. Keep on rockin’ & Bluesin’ !

Et l’album se fini sur une chansonnette bluesy Baby You Gonna Change Your Mind qui est toute en finesse, la guitare justement dosée pas une note en trop, ni d’effet redondant. On est pas bien là, assis paisiblement dans notre bon rocking-chair !

C’est un album qui joue sur deux tableaux la douceur et la sensibilité autant que sur la force et la puissance ! Il s’agit de regarder la pochette pour se faire une idée (un rocher s’immergeant dans l’eau reflétant son aspect plus sombre) ! Two sides , two atmospheres !

"Black Rock" est un opus qu’on ne se lasserait pas d’écouter et très bien produit, forcément, Kevin Shirley est un mec de renom. Le dernier morceau est bel et bien là pour que nous demandions à Joe un rappel ! Et qu’est ce qu’on fait dans ce cas ? Et bien c’est reparti pour un tour ! Où ? Sur un rocher noir of course !

Enjoy it ! Like it ! Love it !

: Alicia FIORUCCI  

 

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