ALAIN GASCHET : "BOOTLEG, Les Flibustiers Du Disque" - Florent Massot, éditeur (2010)

Qui n’a pas un jour couru les conventions de disques à la recherche de tel pirate de (mettez le nom que vous voulez) ou de tel enregistrement inédit de (pareil que précédemment) ? On l’a quasiment tous fait, dans des proportions qui n’appartiennent qu’à nous, souvent limitées à notre budget ou à notre dévotion envers untel ou unetelle. Dénicher la perle rare qu’est un enregistrement live de l’artiste (ou du groupe) adoré, est, pour le complétiste éclairé, dans la même veine que de toucher le Graal. Et je n’exagère pas beaucoup…

Alain Gaschet est un type qui vendait ce genre de trésors. Exposant son matériel de conventions en salons du disque, lui et ses collègues proposaient un éventail de productions rares quasi illimité, chaque vendeur ayant plus ou moins Sa spécialité musicale… Mais voilà. Le commerce que faisaient Gaschet et ses acolytes est…Illégal !!! Les major-compagnies qui, depuis des années n’en branlent pas une ; qui se contentent de promotionner mollement et sans originalité, le dernier opus de Tartempion (vous l’avez écouté ?) comme elles le feraient de la dernière savonnette ou de la toute nouvelle serviette hygiénique renaudent grave depuis des années et attaquent ces petits artisans sous le fallacieux prétexte que l’argent récupéré de ses ventes illicites est un manque à gagner pour les artistes… Hé hé !!! On rigole franchement là parce que l’intégralité de ces productions « pirates » émanaient de vrais fondus de musiques, de types qui voulaient faire partager, non pas au plus grand nombre, mais à certains initiés quelques enregistrements que les boîtes de disques, dans leur infinie médiocrité, se refusaient à sortir, voire même, plus grave, ne connaissaient même pas l’existence. Un exemple : les fameuses bandes sorties des années après sous le nom  de  Basement Tapes de ce vieux Bob Dylan ont failli ne jamais voir le jour. CBS, ne voulant certainement pas encombrer ses placards les avaient tout bonnement foutues à la poubelle. Fort heureusement, un type un peu moins con que les pontes de la major les a récupérées et les a sorties sans demander l’avis à quiconque. Ouf ! Et des exemples comme celui-ci, il y en a des paquets… des tonnes même ! Affligeant !!! Mais outre ces « accidents » inhérents à l’incompétence de fonctionnaires pour qui la musique n’est qu’un « produit », nos flibustiers élargirent leurs « méfaits » en allant capter le son dans les salles de concerts. Un groupe comme le Grateful Dead offrait un espace réservé aux « pirateurs » ce qui explique certainement que Tous les concerts du Dead ont été enregistrés pour la plus grande joie des Deadheads du monde entier.

Alain Gaschet nous parle de tout ça, revient sur les débuts du disque pirate, ses origines et son éthique (pour contrer les procès intentés par les maisons de disques, certains labels pirates bloquaient une partie de l’argent perçue sur les ventes de ces disques pour payer les ayants-droits : musicien, auteur/compositeur…) et brosse un tableau des major pas forcément très reluisant. Ce qu’il ya de drôle, finalement, c’est qu’avec l’avènement de l’Internet, on trouve quasiment tout sur le web : Live, morceaux non retenus sur des albums, et même des vidéos captées en concerts…L’industrie du disque qui voyait l’avenir (financier surtout !) passer par la dématérialisation de la musique s’est de nouveau prise à son propre piège. Mais, compte tenu du paquet de pognon qu’elle s’est faite en imposant le CD… on ne viendra certainement pas la plaindre. On s’en réjouira même…

: JeanDo BERNARD  

 

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