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Et il y a des lundis matins qui sont nauséeux où l’on se réveille comme abruti par une mauvaise cuite…Il y a une foule d’images qui surgissent. Des images sympas, inoubliables, de nombreuses virées nocturnes, de rigolades, de discussions, qu’on n’est pas prêt d’oublier.
J’avais rencontré
Calvin à la sortie de son premier album A Crack In Time. J’en avais
fait la chronique dans le magazine pour lequel je travaillais à cette
époque. Puis, dans la foulée, son interview. Je me souviens qu’avant de le
rencontrer, j’étais assez… euh… impressionné. Car la photo qui illustrait la
pochette de l’album présentait un type à l’air assez dur, un coriace à qui
on ne la fait pas… Nous avions été deux journalistes à parler de lui avant tout le monde : José Ruiz et ma pomme. Et de ça, Calvin s’en souviendrait toujours. Au delà d’une amitié qui s’était forgée, il se montrera toujours reconnaissant et généreux. Tout comme il l’aura toujours été avec son public, se prêtant à chaque fois au rituel de la séance photo en compagnie d’un, ou d’une fan. Parfait anonyme chez lui, au Texas, ici il bénéficiait d’une aura de « Star ». Et si le public françaoui l’aimait pour le rock / blues qu’il jouait, sa gentillesse inouïe, c’était aussi parce que Calvin représentait le rebelle américain, un type tout droit sorti d’un roman de Steinbeck ou de Kerouac. Le Stetson, chemise et futal en jeans, des tiags made in Austin… Une certaine image de l’Amérique. Et les backstage… Moments d’anthologie rock’n’rolliens… Surtout avec son premier groupe. Gary Craft, le longiligne guitariste chevelu qui s’installera en province, dans l’est, pour les beaux yeux d’une jolie française. Et les frères Waddell (David, basse et Leland, batterie), véritables psychopathes, allumés grave qui eux, réglaient leurs problèmes en dégainant des flingues. Un road movie vécu de l’intérieur… Je n’aurai laissé ma place pour rien au monde…
A chacune de ses venues
en France, l’on se voyait. Il venait à la maison. Il m’expliquait son
admiration pour Lennon, me sachant très passionné par le San Francisco des
mid-sixties il me narrait ses anecdotes sur Frisco, ville où il débarqua
alors qu’il avait juste quinze ans et où il vécu les premiers balbutiements
du mouvement hippy. D’où son goût prononcé pour les psychotropes et la
musique psychédélique. Il me parlait aussi de sa jeunesse tumultueuse à
Austin, des amérindiens, lui dont la grand mère était Comanche. On discutait
moto aussi, évidemment !
On s’était retrouvés à
arpenter, une nuit, les allées de la Fête de l’Humanité. Je me revois
attablé en face de lui dans un resto alsacien en train d’essayer de manger
une choucroute ou tout, dans l’assiette, se tortillait d’étrange façon… et
de l’énorme crise de rire qui suivit et la jam session qui eut lieu très
tard à La Locomotive.
Et puis, plein d’autres
choses encore qui reviennent dont une avec mon père qui, coïncidence, est
parti un mois avant Calvin. So long, Outlaw, mon Ami. Tu resteras une magnifique rencontre, une putain de tranche de (ma) vie. : JeanDo BERNARD
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