JeanDo Bernard & Calvin Russell



CALVIN RUSSELL

A Crack In Time...


Il y a des dimanches soirs qu’on aimerait ne pas connaître. Comme celui du trois avril 2011.

Et il y a des lundis matins qui sont nauséeux où l’on se réveille comme abruti par une mauvaise cuite…Il y a une foule d’images qui surgissent. Des images sympas, inoubliables, de nombreuses virées nocturnes, de rigolades, de discussions, qu’on n’est pas prêt d’oublier. 

J’avais rencontré Calvin à la sortie de son premier album A Crack In Time. J’en avais fait la chronique dans le magazine pour lequel je travaillais à cette époque. Puis, dans la foulée, son interview. Je me souviens qu’avant de le rencontrer, j’étais assez… euh… impressionné. Car la photo qui illustrait la pochette de l’album présentait un type à l’air assez dur, un coriace à qui on ne la fait pas…
Je m’étais retrouvé en face d’un mec hyper gentil, intéressant et qui avait pas mal de trucs à raconter. L’interview s’était petit à petit transformée en conversation, de celles qu’on a avec un vieux pote et elle avait duré longtemps. Je ne sais pas pourquoi, mais on avait bien accroché tous les deux, peut-être, certainement même, parce qu’on avait une philosophie de la vie qui se rapprochait. De ça, je m’en rendrai de plus en plus compte au fil des nombreuses rencontres avec lui. 

Nous avions été deux journalistes à parler de lui avant tout le monde : José Ruiz et ma pomme. Et de ça, Calvin s’en souviendrait toujours. Au delà d’une amitié qui s’était forgée, il se montrera toujours reconnaissant et généreux. Tout comme il l’aura toujours été avec son public, se prêtant à chaque fois au rituel de la séance photo en compagnie d’un, ou d’une fan. Parfait anonyme chez lui, au Texas, ici il bénéficiait d’une aura de « Star ». Et si le public françaoui l’aimait pour le rock / blues qu’il jouait, sa gentillesse inouïe, c’était aussi parce que Calvin représentait le rebelle américain, un type tout droit sorti d’un roman de Steinbeck ou de Kerouac. Le Stetson, chemise et futal en jeans, des tiags made in Austin… Une certaine image de l’Amérique. 

Et les backstage… Moments d’anthologie rock’n’rolliens… Surtout avec son premier groupe. Gary Craft, le longiligne guitariste chevelu qui s’installera en province, dans l’est, pour les beaux yeux d’une jolie française. Et les frères Waddell (David, basse et Leland, batterie), véritables psychopathes, allumés grave qui eux, réglaient leurs problèmes en dégainant des flingues. Un road movie vécu de l’intérieur… Je n’aurai laissé ma place pour rien au monde… 

A chacune de ses venues en France, l’on se voyait. Il venait à la maison. Il m’expliquait son admiration pour Lennon, me sachant très passionné par le San Francisco des mid-sixties il me narrait ses anecdotes sur Frisco, ville où il débarqua alors qu’il avait juste quinze ans et où il vécu les premiers balbutiements du mouvement hippy. D’où son goût prononcé pour les psychotropes et  la musique psychédélique. Il me parlait aussi de sa jeunesse tumultueuse à Austin, des amérindiens, lui dont la grand mère était Comanche. On discutait moto aussi, évidemment !
Quand Maë, ma première fille est née, il se trouvait à Paris et il était venu à la maison fêter comme il se doit cet heureux évènement. La fête, comme chaque fois avec lui, avait été… well… copieuse !!! Ceux/celles qui étaient présents cette nuit là s’en souviennent (hein Dom ? Hein Coe ?) encore…

On s’était retrouvés à arpenter, une nuit, les allées de la Fête de l’Humanité. Je me revois attablé en face de lui dans un resto alsacien en train d’essayer de manger une choucroute ou tout, dans l’assiette, se tortillait d’étrange façon… et de l’énorme crise de rire qui suivit et la jam session qui eut lieu très tard à La Locomotive. 
Plus tard, alors que j’habitais en très lointaine banlieue, aux confins de la Beauce où, avec des potes, nous louions une grande maison, on s’était arrêtés dans le seul rade du village voisin. Un rade du siècle dernier, qui faisait aussi épicerie, tabac et articles de pêches... A l’intérieur, deux-trois vieux gars le béret vissé sur la tête, le pif pareil à une grosse fraise. Et mon Calvin, qui matait tout ça avec un détachement amusé en sirotant sa bière. « C’est notre middle west », lui avais je dis en rigolant.

Il tenait absolument à ce que je vienne chez lui à Austin. Une séance de prise de Peyotl dans le désert devait être au programme. Ce qui, of course, était loin de me déplaire…
Ca ne se sera jamais fait… 

Et puis, plein d’autres choses encore qui reviennent dont une avec mon père qui, coïncidence, est parti un mois avant Calvin.
On s’était retrouvé ici, dans le Sud où désormais j’habite. On s’échangeait quelques emails… Il m’avait annoncé son putain de crabe.

Calvin, mon pote, tu vas me/nous manquer.

Death Don’t Have A Mercy !

So long, Outlaw, mon Ami. Tu resteras une magnifique rencontre, une putain de tranche de (ma) vie. 

: JeanDo BERNARD


 

Calvin, Laureline et Coe




Calvin, Laureline, Coe et Michel Vidal (New Rose)




Calvin




Calvin et Laureline


Photos : (C) Courtesy JeanDo Bernard





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