GREG NAGY : "Fell Toward None"
Big O Records / Vizztone Records (2011)

On se demandait bien comment le petit père Nagy allait pouvoir égaler l'exploit de son premier album, le mémorable Walk That Fine Thin Line. Il fait mieux, il le surpasse.

Non que son précédent effort souffrît de quelque faiblesse que ce fût. Que nenni ! Fine Thin Line est un album formidable qui s'est vu octroyer une nomination amplement méritée aux Blues Music Awards en 2010, ce qui est quand même remarquable. Mais ce qui le différencie de Fell Toward None, c'est que ce dernier, tout en confirmant, si besoin était, les qualités vocales autant que guitaristiques du monsieur, ainsi qu'un indéniable talent d'auteur-compositeur – bien aidé en cela, il est vrai, par son ami le non moins talentueux Jim Alfredson qui apporte aussi son concours à l'Hammond B3, poste qu'il tient au sein du groupe de Janiva Magness depuis l'année dernière – c'est qu'il laisse plus de place encore à l'originalité des compositions. En effet, si Fine Thin Line attaquait très fort en mêlant diverses influences, du gospel à la soul en passant par le blues, le funk et le rock, il se terminait avec quelques plages plus conventionnelles, bien que sacrément efficaces. Fell Toward None, lui, voit notre homme affirmer sa personnalité musicale en consacrant tout l'album à cette inspiration qui, si elle se nourrit abondamment de ces mêmes influences, ne fait plus la moindre concession à quelque tradition que ce soit, au profit d'originaux tous aussi enthousiasmants les uns que les autres.

Difficile en effet d'isoler un titre plutôt qu'un autre dans ce recueil aux ambiances certes variées – du swing à la ballade soul en passant par le blues et le funk, parfois d'une plage à l'autre, parfois habilement mêlés au sein d'un même morceau – mais imprégnées de cette identité propre qui est la marque des grands – impossible en effet de confondre Greg Nagy avec qui que ce soit - tant chacun des onze titres présentés retient l'attention. A classer quelque part entre James Hunter et Thornbjorn Risager, bien qu'encore différent.

Le label Vizztone, qui a signé Nagy et qui distribue ce petit bijou dès le mois de juin 2011, ne s'y est d'ailleurs pas trompé. En espérant que cette distribution permettra une meilleure exposition de cet artiste de ce côté-ci de l'Atlantique. Qui sait, des fois qu'un tourneur ou un festival nous l'amène, qu'on puisse constater de visu ?

: René MALINES
 

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