Texte et photos : Fabio IZQUIERDO


 

LOS LOBOS

Les vieux loups de Los Angeles
ont toujours autant la classe...

Depuis le temps que j’enrageais de n’avoir jamais vu sur scène un de mes groupes favoris…. Si on en croit le présentateur de la soirée, plus de vingt ans qu’ils n’avaient pas remis les pieds en France. J’ai tendance à le croire, il me semble que la seule fois que je les ai vus sur une affiche dans le quartier, c’était quand je passais mon BAC, en pleine furie "La Bamba" aux arènes de Dax. Cette fameuse Bamba qui les a propulsés sur les scènes internationales et qui revers de la médaille fait que peut être, on leur a vite collé une image réductrice dans nos contrées.
 
Los Lobos, un groupe de musiques mexicaines ? Oui, mais pas seulement  je m’évertue à dire aux potes que j’essaye de convertir au gang (musical) des quartiers Est de Los Angeles. En tout cas, Le concert auquel nous avons assisté le 15 juin dernier au festival Rio Loco (unique date française de la tournée) a définitivement fait adhérer les spectateurs venus en masse (13.000 d’après un des régisseurs), pour certains un peu par hasard le prix des billets (5 euros) incitant à venir flâner sur les bords de la Garonne en plein centre ville de Toulouse et se laisser porter au son des rythmes et musiques du Mexique qui étaient le thème de cette édition.

     



Avant même d’entamer le gig, le : « Hello music lovers » traditionnel de César Rosas pose les fondations de ce qui va suivre, on va se prendre pleine poire un set pour amateur de (bonne) musique, pas de frontières, juste de la musique qui va puiser dans de l’authentique, faite pour danser et distillée de main de maître par des musiciens de haute volée. Un mélange de rock’n’roll,  de cumbias, rancheros, pop, agrémenté de blues, soul, zydeco…  D’entrée de jeu, ça attaque sévère par "The Neighborhood", puis une cumbia (dont j’ai oublié le titre) et "Come On Let’s Go" de Ritchie Valens, en gros, un bon éventail du répertoire et déjà le public est conquis. Ca déroule tout seul avec un set bâti sur les « standards » du groupe, jalonné de quelques titres plus récents avec "On Main Street" (Tin Can Trust), "Luz De Mi Vida" (Good Morning Atzlan), "Cumbia Razza" (This Time) et un "Mas Y Mas" psychédélique (Colossal Head).  Le seul moment de répit aura été pendant "Kiko" dont je n’avais personnellement jamais entendu de version aussi aérienne. Le thème du festival c’est bien le Mexique ? Qu’à cela ne tienne, un petit mot pour Flaco et Santiago Jimenez et hop, ils balancent "Ay Te Dejo En San Antonio", "Anselma" et on baigne carrément dedans pendant "Volver, Volver" sur lequel ils invitent à chanter Lila Downs qui se produisait en première partie avec son harpiste et son accordéoniste… La fiesta est à son comble avec un public en liesse qui reprend le refrain à gorge déployée. Comme s’il était besoin d’un peu plus de rythme ça continue avec  "Let’s Say Goodnight", "Evangeline" ou "Don’t  Worry Babe". Ca, c’est pour l’ambiance et le répertoire.



J’étais néanmoins venu avec une appréhension malgré mon enthousiasme de fan presque absolu, celle de voir un groupe trop rôdé, enchaînant les titres de belle manière mais sans trop de conviction, ce qui peut arriver quand on a une telle longévité sur la route ;  il n’en fut rien. A part Louis Perez dont ça a l’air d’être l’habitude d’avoir l’esprit accaparé sur ses manches et Steve Berlin caché derrière ses claviers et lunettes noires, j’ai trouvé l’équipe plutôt fun, contente d’être sur scène et de partager ces moments festifs. Quant à mon regard de musicien sur l’ensemble que dire sinon que la bande est toujours au top. Je suis toujours surpris par la qualité des arrangements avec leurs  trois guitares sur scène qui ne se « bouffent » pas, que l’on entend distinctement, sans bavardages ni fioritures. A part César Rosas (guitare) et Conrad Lozano (basse) les autres passent toujours d’un instrument à l’autre avec la même aisance des débuts (David Hidalgo – guitare, accordéon ;  Louis Pérez – guitare, batterie ; Steve Berlin – saxophones, flûte, clavier). La présentation scénique est toujours aussi « classe » avec les cinq membres d’origine (ou presque pour Steve Berlin transfuge tardif des Blasters) sur le devant de la scène et Cougar Estrada à la batterie en retrait. La seule chose qui aurait pu me laisser sur ma faim fut le rappel avec cette fameuse "Bamba" qui certes les a tant aidés à percer mondialement, mais elle fut jouée et interprétée de main de maître avec encore l’aide de quelques uns des musiciens de Lila Downs…. En trois partie, commencée à la harpe à la « traditionnelle mexicaine » avec chacun y allant de son couplet, puis, à peine finie, César Rosas balance l’intro de Valens et ça repart sur du bon rock’n’roll, la dernière partie étant relancée acoustique avec le public au chant. Des Bambas comme ça, j’en veux bien tous les soirs. Les vieux loups de Los Angeles ont toujours autant la classe.

Certes, ce compte rendu a peut être un goût de parti pris mais le public avait l’air à 100% conquis, ce fut un concert mémorable et les copains qui m’avaient accompagnés étaient du même avis. Faut dire que dans le covoiturage il y avait notamment Lonj, Florian Royo et Anthony Stelmaszack qui ont plutôt bon goût. Le retour de Los Lobos sur le territoire fut vraiment de haute volée, en espérant ne pas attendre vingt ans pour les revoir…


 

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